Michel Marchand

Une ode à la Jeunesse du Clos du Doubs

Michel Marchand est un optimiste. Plus encore, il est animé par une foi en l’avenir et en la jeunesse de sa ville et de sa région. Plus encore depuis 1990 et un terrible accident de moto qui le laissa traumatisé cranio-cérébral. A la suite de cet épisode, il a dû réussir une longue rééducation, durant laquelle il pouvait se raccrocher à ses enfants et à son art pour reconstruire sa vie, bien aidé d’ailleurs par l’association « Fragile Suisse ». Pour cette oeuvre, il a proposé à la ville une fresque n’évoquant pas le riche patrimoine local, dont il connait par coeur les moindres proportions. Fin connaisseur des méandres du Doubs et de ses couleurs saisonnières, il n’a pas non plus souhaité pasticher l’environnement naturel de Saint-Ursanne. Très attaché à la vie culturelle locale, il a écarté pourtant les sujets historiques et sportifs, pourtant souvent rattachés à la cité médiévale.  Son projet s’est concentré sur le futur de sa région. Porté par d’importants chantiers et de grands investissements d’infrastructure depuis 35 ans le Clos du Doubs, peu ménagé par les aléas économiques du 20e siècle, a de réelles raisons d’espérer dans les prochaines décennies. L’accessibilité des lieux, l’atmosphère qui y règne et la forte identité développée par ses ressortissants augurent un changement de paradigme pour les prochaines générations. Un sentiment redoublé par une époque charnière sur le plan démographique dans le Clos du Doubs. Et c’est un hommage à cet élan, à cette jeunesse qui inspire l’artiste. Son oeuvre se présente comme une sorte de réponse contemporaine aux peintures rupestres. Elle se voudra donc un hommage à cette dynamique humaine et aux ressources nouvelles qu’elles apporteront bientôt à cette terre de verdure et d’histoire. Un écrin si proche de la nature, mais au coeur du Jura et de l’Europe.

L'artiste

Depuis 1983, l’artiste Michel Marchand habite à Saint-Ursanne. C’est un euphémisme, car depuis lors, cette personnalité ne fait pas qu’y dormir et y travailler. Michel Marchand «incarne» la cité des bords du Doubs. Il la vit, la respire. Il est de toutes les aventures et les projets culturels et sociaux de ce lieu. Il a réalisé plusieurs fresques pour des entreprises privées, des dessins originaux pour presque toutes les associations. Tous les organisateurs locaux ont fait appel à lui pour des affiches devenues emblématiques : citons la « Course des Rangiers », toutes les campagnes pour « Les Médiévales », sans oublier d’innombrables festivals et manifestations d’ampleur et qui ont accru progressivement l’aura du Clos du Doubs depuis presque 40 années. Cela l’a amené à personnaliser et représenter à plusieurs reprises « sa ville » dans les médias suisses et étrangers. Comme citoyen engagé, il s’est beaucoup investi dans la politique locale, comme élu à deux reprises ; mais aussi comme trublion lorsqu’il en a exprimé le besoin. Enfin, Michel Marchand n’a cessé de promouvoir son coin de pays auprès de multiples instances extérieures où il s’était engagé, comme Visarte.Jura par exemple qu’il a amené dans les Fours à Chaux pour quatre biennales d’anthologie. Pourtant, malgré ce rôle quasi incontournable et la présence d’autres oeuvres d’art dans sa ville, il est surprenant de constater que cet artiste – qui fut déjà sollicité pour décorer d’autres lieux ailleurs en Suisse – ne l’avait jamais été pour un travail décoratif pérenne dans le circuit de « la Perle du Jura ». C’est aujourd’hui chose réparée, et l’association URSINIA est fière de vous présenter ce projet, à percevoir également comme une reconnaissance de son apport à vie culturelle locale de Saint-Ursanne.

Les lieux

La Maison de la Dîme est au coeur de la ville de Saint-Ursanne depuis 1536. Propriété séculaire de la commune, elle a hébergé l’entreposage de l’impôt prélevé par l’Eglise sur les récoltes et l’élevage, et resta depuis l’un des pôles commerciaux de la cité. La rue du Quartier, à l’ouest du bâtiment, était alors le lieu de vie de familles patriciennes renommées. Certains voisins y exerçait des fonctions privilégiées au sein de l’administration de l’Evêché de Bâle. En 1911, une grande rénovation intérieure du magasin coopératif de chaussures et autres articles du quotidien y verra l’annexion d’un immeuble de stockage supplémentaire à l’arrière. Ce dernier accapara presque totalement la place naguère utilisé par des jardins privés, et priva sévèrement ce quartier de sa lumière et de son cachet. La face Est du bâtiment connut une meilleure fortune dès 1995, et l’ouverture du bureau de Jura Tourisme en son sein, ainsi que d’autres échoppes artisanales. Mais à l’Ouest, il n’en était pas de même et l’endroit fut relégué en seconde zone durant tout le 20e siècle ; cumulant parkings, toilettes provisoires, stockages de voirie et hangars de pompier… De nombreux riverains et amoureux de Saint-Ursanne y virent progressivement un meilleur potentiel, associé à la démolition de la verrue maladroitement annexée alors et par des commerçants épris de fonctionnalisme. Son destin sera scellé par Ephrem Theurillat, conseiller communal en charge des immeubles. Convaincu, il lança une recherche de fonds productive et obtint en 2020 les autorisations nécessaires. Le bastion tomba rapidement, laissant place à une nouvelle place lumineuse. Son style est certes brut, mais l’ajout d’éléments mobiliers tels que des arbres et une fontaine laisse entrevoir de nouvelles opportunités pour cet endroit désormais ouvert au public. Pour diverses raisons constructives, le mur nord a été partiellement conservé, et la façade ouest rappelle l’emplacement de l’annexe démolie, comme un devoir de mémoire architectural. C’est sur ce mur nord qu’une fresque a été proposée par l’artiste, tel un appel à la visite de la boucle formée par cette « Rue du Quartier ». Ce projet s’inscrit parfaitement dans la nouvelle mise en scène du centre ancien, dont la réfection totale a nécessité plus de 5 ans de travaux.